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JUSTINE.

Cette maxime, d’un auteur fameux autant que corrompu, je la livre, avant de rendre mon âme à Dieu, aux méditations des gens pervers, et encore afin de consoler les gens vertueux.

— Georges, je t’en prie, repousse ces idées-là… Tu dois cruellement souffrir, je le sais…

— Je commence au contraire à ne plus souffrir : hier, la rage et le désespoir me rongeaient le cœur ; aujourd’hui je me sens calme ; ma tête n’est plus brûlante, mes idées ne sont plus confuses.

Guibard ne répliqua point ; il voyait que le mal était beaucoup plus grand qu’il ne l’avait cru, et il songeait au remède qu’il pourrait lui opposer.

— J’espère, Georges, dit-il après quelques instans de silence, que tu n’as pas l’intention de me quitter ? Je veux que tu loges