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UN CONVOI.

En ce moment le bruit d’une voiture, roulant avec rapidité, se fit entendre ; c’était une calèche qui tenait le haut du pavé ; Guibard se rangea, et entraîna Georges qui semblait ne rien voir et ne rien entendre ; la voiture, emportée par de fougueux coursiers, heurta violemment le corbillard, le renversa avec fracas, et le cercueil qui contenait les restes de Justine, s’étant brisé dans sa chute, le cadavre de l’infortunée roula jusque dans le ruisseau. Au même instant d’infâmes éclats de rire partirent du superbe équipage ; Georges et Guibard jetèrent alors les yeux de ce côté ; les rieurs, que le char brillant emportait, c’était Juliette et le comte de Bonvalier.

— Les scélérats ! dit à voix basse le vieux forban, ils sont bien heureux que j’aie vieilli, changé de métier, et que je veuille rester où je suis ; car j’ai une terrible envie de leur faire rentrer la joie dans le ventre !