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JUSTINE.

Georges ; ils conduisaient au champ du repos les dépouilles mortelles de l’infortunée Justine. Guibard crut pouvoir hasarder quelques mots de consolation.

— Qu’est-ce que vingt, quarante, soixante années ? lui disait-il, un point dans l’espace. À quoi sert de se tourmenter si fort pendant le chemin puisque nous sommes sûrs de venir tous au même but… Qu’importe que l’un y arrive le premier, puisque l’autre est sûr de l’y retrouver ?

— Lorsque l’on marche sur des charbons ardens, ne pensez-vous pas que l’on doive aller plus vite afin de souffrir moins longtemps.

Guibard hocha la tête et ne répondit point. Il fallait laisser cicatriser cette plaie trop fraîche encore, et il comprit que les raisonnemens ne feraient qu’aggraver le mal.