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L’HOSPICE.

de démarches ; mais l’infortunée ne tarda pas à perdre le repos, la santé, la raison : elle frémit… quoiqu’elle ne reconnût point à quel prix elle avait payé la liberté de Georges ! Un mal affreux la dévorait ; ses yeux perdirent leur éclat, son teint devint livide, ses dents se noircirent, ses cheveux tombèrent, elle se flétrit entièrement, et une maigreur horrible remplaça cet air de jeunesse et de santé. L’ignorance d’abord, et ensuite une timidité insupportable, l’empêchèrent, dans les premiers temps, d’avoir recours à un médecin : la maladie fit des progrès effrayans, et, lorsque, accablée, elle réclama enfin les secours de l’art, sa mauvaise étoile la jeta dans les mains d’un misérable qui, profitant de son inexpérience et de sa bonne foi, lui vola ce qui lui restait d’argent et ne la guérit pas. La pauvre fille fut bientôt en proie au plus violent désespoir ; elle appelait la mort à grands cris ; son corps était devenu hideux. Pour