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JUSTINE.

Sur ce, le second gendarme lance son cheval, et arrive en un clin-d’œil près de Justine, qui, croyant qu’elle n’avait rien à craindre de l’autorité, était plus disposée à se réjouir qu’à s’effrayer de cette rencontre.

— Halte là, la belle enfant ; tournez-vous, qu’on vous voie, et dites-nous un peu, ma tourterelle, de quel colombier vous sortez ?

Ce langage diminua un peu la sécurité de la jeune fille ; elle obéit en tremblant.

— Monsieur, dit-elle, orpheline depuis peu, j’ai été forcée de fuir, il y a deux jours, la maison où un prétendu protecteur ne m’avait recueillie que pour me ravir l’honneur, seul bien que m’ait laissé ma famille, naguère fort riche.

— Voilà une belle histoire que vous nous chantez en manière de complainte ! Nom de