Ce n’était pas tout-à-fait là ce que Guibard avait voulu dire, et Justine le savait bien, mais elle repoussait cette idée de toutes ses forces, afin de s’affermir dans la résolution qu’elle venait de prendre. Ses préparatifs furent bientôt faits. Elle prit tout l’argent que Guibard lui avait laissé, et dès le lendemain elle faisait route dans la malle-poste, en compagnie d’un jeune homme à l’air suffisant, aux manières lestes, au verbe haut, parlant de tout à tort et à travers. Justine fut très-fachée en apprenant qu’elle aurait ce compagnon de voyage jusqu’à Brest ; mais elle ne tarda pas à se réjouir de ce qui l’avait affligée d’abord.
— Madame va à Brest ?
— Oui, monsieur.
— Jolie ville, port admirable… Et puis nous avons le bagne… C’est fort curieux… Des galériens qui jouent avec leurs fers…