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JUSTINE.

Dès lors mon parti fut pris irrévocablement ; je prononçai mon divorce éternel avec la société, à laquelle je déclarai désormais une guerre à outrance, et, cette guerre, je n’ai pas cessé de la lui faire, souvent battant, quelquefois battu ; aujourd’hui riche et demain pauvre ; ne craignant rien justement parce que j’ai tout à craindre, et attendant la fin de tout cela sans m’inquiéter de ce qu’elle sera. Voilà ma vie, et je ne m’en plains pas, car ce qui est ne peut pas ne pas être.

— De tout ceci, père Guibard, dit Georges lorsque le vieux forçat eut cessé de parler, il résulte que vous vous faites plus méchant que vous ne l’êtes au fond du cœur, et sans les passions…

— Je ne suis ni bon ni méchant, mon garçon, je suis moi, et je ne puis pas être autre chose. Je ne me demande jamais si