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JUSTINE.

terme ; mais le papier de ces messieurs était de l’or en barre ; les courtiers juraient qu’on pouvait le prendre les yeux fermés, et je l’acceptais, et, les vingt-cinq mille francs étant épuisés, j’usai du crédit que mes premières opérations m’avaient acquis : j’achetai et je vendis, toujours avec un bénéfice considérable ; mais il arriva qu’à l’échéance des lettres de change que j’avais reçues, elles ne se trouvèrent porter que des noms imaginaires ou de gens absolument insolvables, qui avaient disparu ; les courtiers se plaignirent d’être les premières dupes, attendu qu’ils avaient reçu le prix de leurs commissions en même monnaie que moi celui de ma marchandise ; et ce qui résulta de clair dans cela, fut que j’étais ruiné. Mais ce n’était pas tout ; j’avais acheté et vendu pour plus de dix fois le numéraire employé à mes premières opérations : ne recevant rien, il me fut impossible de payer. Je fus déclaré en faillite. Mes livres n’étaient pas réguliers ;