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LE BIEN ET LE MAL.

ville telle qu’elle était, de quoi étourdir une petite provinciale, et je comptais, pour le reste, sur le secours de mon imagination.

Lorsque nous ne fûmes plus qu’à un jour de marche de la capitale, Risbac voulut avoir avec moi un entretien particulier.

— Çà, mon ami, me dit-il, qu’allons-nous faire maintenant ?

— Je ne sais, répondis-je. J’ai presque envie de me faire honnête homme.

— Beau projet vraiment !

— Eh ! mon cher, il faut bien que le métier ne soit pas si mauvais, puisque tant de gens le préfèrent à celui que nous exerçons.

— Mais ce métier ils ne le font que parce qu’ils n’ont pas le courage de courir les chances du nôtre. Ôtez aux uns la crainte de l’enfer, aux autres la crainte de la prison et du