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LE ROI IMPROVISÉ.

Vous saurez d’abord que je suis le duc de Carlinbernord, gentilhomme de la chambre ; et, maintenant que mes titres sont connus, je vais remplir l’une des fonctions dont je suis chargé.

Il se mit à marcher à pas comptés, la tête haute, le jarret tendu, je le suivais en me mordant les lèvres pour ne pas éclater de rire : alors d’une voix haute et sonore, il dit :

— Monsieur le comte, mesdames… Le Roi !…

Il serait impossible de se faire une idée de cette scène : le comte, la comtesse et leur fille se jetèrent à mes pieds ; je m’empressai de relever cette dernière, et je baisai son beau front, qui se couvrit aussitôt d’une rougeur admirable, et j’en fis autant à la comtesse, moins le baiser. Quant au comte,