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TRANSITION BRUSQUE.

que la proposition me fit reculer de deux pas.

— C’est de la folie, dis-je ; quoi ! deux hommes sans armes…

— Nous ferons comme si nous en avions.

— Songez donc que nous pouvons avoir dix ou douze personnes sur les bras.

— Je songe aussi que la nuit est noire comme l’âme du diable, et que tous ces voyageurs sont plus ou moins endormis. D’ailleurs, le métier que nous entreprenons ne se fait pas toujours à coup sûr… Je suis le capitaine, je vous fais mon lieutenant, nous logeons le reste de la troupe dans l’imagination des voyageurs et tout ira bien.

Il s’en fallait de beaucoup que je fusse rassuré ; mais je n’eus pas le temps de m’appesantir sur le péril auquel nous allions