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CONFESSIONS.

de revenu. Quant à moi, on me mit au collége, où quelques cuistres, pour qui l’univers ne s’étendait pas à deux cents pas de leur bouge, se mirent à me bourrer de grec et de latin, comme si j’avais dû passer ma vie à Athènes ou à Rome au temps de Périclès ou de Jules César. Le latin m’assommait, le grec me faisait mourir d’ennui ; en conséquence, on décréta un beau jour que j’étais un élève accompli, auquel il ne manquait plus que la philosophie ; et l’on se mit à m’apprendre cette belle science comme on m’avait enseigné le grec et le latin ; c’est-à-dire que je fus condamné à entendre, deux fois par jour, un homme, affublé d’une robe noire et monté dans une chaire, débiter une certaine quantité de platitudes capables de faire lever le cœur à des apprentis maçons. Qu’importe ! il fallait que je fusse abbé, et c’était ainsi qu’on le devenait… Je ne fis qu’un saut du collége au séminaire, où j’appris, entre autres belles choses, l’art de men-