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JUSTINE.

— Je m’en doutais, se dit-il ; les coquins l’ont laissé mourir de faim !… Nom de Dieu ! il y a long-temps que je suis nourri dans le sérail ; j’en connais les détours, et je n’ai pas un poignard pour enfiler des perles ; mais sacrebleu ! je ne suis pas une bête fauve, je ne tue pas pour le plaisir de tuer… Un si brave garçon !… ça serait capable de dégoûter du métier, s’il était possible de faire autre chose quand on est organisé comme moi…

Pendant ce monologue, le vieux galérien ne négligeait rien pour rappeler Georges à la vie ; il lui frotta les tempes et les narines avec du vinaigre concentré, dont il était toujours muni, et il finit par reconnaître que les battemens du cœur n’avaient pas entièrement cessé. Se rappelant alors qu’il avait vu des bouteilles au rez-de-chaussée, et espérant qu’il s’en trouverait au moins une que les bandits auraient oublié de vider, il descendit précipitamment, et remonta