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JUSTINE.

heureux condamnés à la peine capitale et exécutés, puis reconnus innocens, attendent depuis cinquante ans dans le tombeau une réhabilitation qui ne viendra jamais ! Ils ne pouvaient pas prévoir que, dans des temps meilleurs, alors qu’une voix généreuse se ferait entendre à la tribune nationale pour demander la réparation des maux que des juges vendus à un pouvoir hideux avaient fait peser sur la tête de quelques généreux enfans de la France, un homme… je dirais presque un cannibale, viendrait invoquer l’autorité de la chose jugée, et demander l’abandon des victimes et le respect pour les assassins… Nous en sommes là, nous autres Français, et l’on dit que l’Europe nous admire… En vérité, il n’y a pas de quoi !

Justine et Georges se berçaient donc des plus douces illusions ; la fortune, pour eux, se montrait maintenant de plus en plus fa-