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LES FAUSSAIRES.

— La fortune est enfin lasse de nous tourner le dos, disait Georges ; encore quelque temps et nous serons à l’abri de ses caprices.

Justine aussi était heureuse de l’avenir qu’elle entrevoyait, et formait d’admirables projets, dont l’exécution, bien qu’impraticable, lui semblait la chose du monde la plus facile. D’abord Georges et elle feraient imprimer à cent mille exemplaires un mémoire justificatif que l’on distribuerait dans toute la France, qui serait lu de tout le monde, et qui aurait le miraculeux pouvoir de faire comprendre à tous jugeans, procureurs du roi et autres, que deux et deux font quatre, et que tous les objets ne sont jaunes que pour les gens qui ont la jaunisse. Le résultat de cette belle œuvre devait être la réhabilitation complète et spontanée de Georges et de l’orpheline, et par suite leur rappel en France, où leur vie serait dès lors filée d’or et de soie. Pauvres enfans ! ils ignoraient que des mal-