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JUSTINE.

mar, d’obtenir un passe-port pour l’Angleterre sous le nom que j’ai adopté. Nous irons à Londres, mon ange bien-aimé ; nous serons enfin unis des nœuds les plus saints… La misère, l’horrible misère ne sera plus à craindre pour nous ; car on fait plus de cas en Angleterre qu’en France de l’art que je possède maintenant… Ma bonne mère nous rejoindra… Oh ! tu avais raison, ma Justine bien-aimée, et j’étais bien coupable de vouloir renoncer à l’avenir que je ne pouvais connaître…

D’Amblemar tint parole ; Georges eut bientôt plus de besogne qu’il n’en pouvait faire : les cliens semblaient lui tomber des nues, et quelques-uns lui offraient, de certains ouvrages, six fois plus que le pauvre garçon n’eût osé en demander. Il travaillait sans relâche, passait une partie des nuits ; l’espérance et l’amour triplaient ses forces en même temps qu’il semblaient agrandir son talent.