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IL ÉTAIT TEMPS.

— Ils sont pourtant chez eux, dit une voisine, étonnée de ce que la porte ne s’ouvrait pas ; il n’y a pas une heure que le jeune homme est rentré avec une provision de charbon, et, quelques minutes avant votre arrivée, je les entendais encore parler.

Ce fut un trait de lumière pour la généreuse dame.

— Du charbon, dites-vous ?… Et leur misère est si grande !…

— Ah ! dame ! à vous parler franchement je crois bien qu’ils ne mangent pas tous les jours ; mais ils sont si fiers qu’on n’ose pas leur offrir…

— Plus de doute ! les malheureux se sont asphyxiés… Au nom de Dieu ! aidez-moi à enfoncer cette porte… ou plutôt courez chercher du secours, je marche si lentement !… Dieu veuille qu’il ne soit pas trop tard !