Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/513

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
JUSTINE.

un bienfait dont elle remerciait Dieu. Valmer s’occupa aussitôt des préparatifs de ce double suicide ; il calfeutra soigneusement la porte et la fenêtre, boucha la cheminée avec de la paille et des lambeaux de couverture, puis il alluma le charbon.

— Viens, Justine, dit-il en prenant l’orpheline par la main, viens t’asseoir près de moi ; nous allons écrire à ma mère.

Il prit la plume, et il traça les lignes suivantes avec calme :

« Ma bonne mère, dans quelques momens vos enfans seront réunis dans le sein de Dieu. Ne pleurez pas sur notre sort ; réjouissez-vous, au contraire, de nous savoir affranchis de l’horrible esclavage auquel nous étions voués. Non, ce n’est pas commettre une mauvaise action que d’abréger notre agonie : la faim nous tuait, elle pouvait nous pousser au crime.