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IL ÉTAIT TEMPS.

Elle le serrait dans ses bras ; Valmer laissa tomber sa tête sur son épaule ; son exaltation avait cessé ; il était abattu, et semblait honteux d’avoir été si près de commettre une mauvaise action.

— Cependant, dit-il après un assez long silence, nous ne pouvons vivre ainsi.

— Eh bien ! nous mourrons, et notre conscience n’aura pas cessé d’être pure.

— Nous, mourrons, Justine !… Il me semble que ce mot-là me soulage ; il m’oppressait et je n’osais pas te le dire. Qu’avons-nous à espérer sur cette terre, asile du crime ? Oui, partons pour un monde meilleur… Mourons ; n’attendons pas que la faim nous déchire les entrailles avec ses ongles de fer… La faim pourrait nous rendre criminels, je l’ai senti tout à l’heure… Si nous commettons une faute en abrégeant un peu notre