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JUSTINE.

Il eût été bien difficile à Justine de répondre ; la frayeur lui avait ôté l’usage de la parole ; mais elle se tenait toujours sur le balcon, prête à mettre à exécution la menace qu’elle avait formulée si positivement.

— Faisons la paix, belle vierge, dit tout-à-coup le comte en riant : je vous laisse ce château pour prison, et je m’engage à ne me présenter devant vous que lorsque vous le voudrez… Vous conviendrez au moins que je suis bon prince ?…

Pour toute réponse, Justine fit un geste de mépris et un autre de pitié.

— D’honneur ! reprit le comte, je ne me conçois plus ! Que m’importe, après tout, que cette fade blonde se casse la tête, quand je possède une brune divine qui brûle de désirs pour moi ?