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JUSTINE.

tez !… Mais s’il n’y avait pas d’autre moyen pour arracher à la mort une famille tout entière ?

— Tentateur maudit, laissez-moi !…

— N’est-ce pas assez ?… Eh bien ! je suppose que ce soit là une question de vie ou de mort pour un peuple entier ?

Il sembla à Justine qu’un poison subtil venait de pénétrer dans ses veines ; un tremblement convulsif la saisit en même temps qu’une sueur froide couvrit tout son corps ; elle eut des vertiges, des hallucinations : il lui sembla qu’un monstre horrible faisait des efforts pour lui arracher le cœur. Et le vieux forçat était là comme Satan, épiant le dernier soupir de la vertu expirante. Il reprit bientôt avec un sourire sardonique :

— Voilà pourtant où vous en êtes, vous autres honnêtes gens avec votre morale et vos principes ; vous avez la prétention d’être