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NOUVEAU PÉRIL.

plus tranquille depuis la mise en liberté de Justine, et chaque fois qu’il pouvait la voir, ou lui faire parvenir une lettre par quelque voie sûre, il la pressait de partir, de quitter cette ville où elle n’était plus en sûreté ; mais l’orpheline ne pouvait se résoudre à abandonner son bien-aimé ; elle espérait le sauver, et, dans le cas contraire, elle avait résolu de le suivre, afin de lui prodiguer tous les soins possibles, et d’être toujours prête à saisir les occasions de lui faire recouvrer sa liberté.

Cependant le jour du jugement approchait ; Justine se procura la liste des jurés, et les visita tous : à chacun elle vanta les qualités de Georges, en protestant de l’innocence du pauvre garçon, malgré les charges accablantes qui s’élevaient contre lui ; mais partout elle trouva des cœurs secs, des visages hébétés, sur lesquels ses paroles faisaient naître un sourire d’incrédulité. Les uns l’interrompirent au premier mot ; d’autres lui tournè-