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DEUX SŒURS.
— Qu’ai-je à perdre, puisque nous ne possédons rien ?
— Ta vertu, Juliette.
— Ne sais-tu pas que cela s’échange contre du plaisir ? Crois-moi, nous ne regretterons pas le marché.
— Juliette ! Juliette ! que dis-tu ? le déshonneur ne t’effraie donc pas ?
— Et toi, es-tu séduite par la perspective de vivre dans la misère, et te sens-tu de force à renoncer aux joies de ce monde pour n’en connaître que les peines ? Tu es libre d’ailleurs de penser et d’agir comme il te plaît ; quant à moi, ma résolution est prise, et rien ne pourrait m’en faire changer.
Ces paroles augmentèrent encore le chagrin de Justine ; mais elle connaissait trop