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LES FORÇATS.

trois adroits coquins qui parviennent à soustraire à tous les regards certains instrumens propres à leur délivrance, tels que petites limes anglaises, scies faites avec des ressorts de montres, etc. En général, c’est bien plutôt le défaut d’argent que les moyens de rompre leurs fers qui les empêche de prendre la fuite : sans papiers, sans vêtemens et sans moyens de se procurer promptement ces objets indispensables, ils sentent que la liberté qu’ils recouvreraient serait de courte durée, et, comme en général ce sont gens expérimentés en pareille matière, ils attendent qu’ils aient pu acquérir ce qui leur manque en échange d’une partie de ce qu’ils possèdent. Le forçat à côté duquel était enchaîné Georges était précisément un de ces vieux chevaux de retour qui mûrissent long-temps leurs projets avant d’en venir à l’exécution, afin de laisser le moins possible au hasard. Déjà, à plu-