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UNE DOUAIRIÈRE.

temps, et aussi rapidement que cela lui était possible, lorsque neuf heures sonnèrent à l’horloge d’une église près de laquelle elle passait. Elle s’arrêta alors, s’assit sur une borne, et, lorsque le repos et le grand air lui eurent un peu rafraîchi le sang, elle songea à ce qu’elle devait faire. En restant à Paris, elle n’avait aucune chance de salut : le déshonneur, la prison, l’échafaud, telle était la perspective que lui offrait la capitale du monde civilisé. Il est vrai qu’en s’éloignant de cette ville, elle ne pouvait pas compter sur de grandes ressources ; mais, bien que cela répugnât à sa conscience, elle songea que, grâce à l’habit qu’elle portait, elle pourrait obtenir quelques secours et gagner quelque contrée éloignée, où il lui serait possible de vivre du travail de ses mains. Ce faible espoir rendit un peu de forces à la pauvre orpheline ; elle se leva, adressa au ciel une courte et fervente prière, et se