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JUSTINE.

Lorsqu’elle fut seule, elle se leva et fut fort surprise de trouver des vêtemens nouveaux, et de fort bon goût, à la place où elle avait laissé ceux qu’elle portait lorsqu’elle avait fait la rencontre de l’aumônier. Cela lui fit faire de nouveau de sérieuses réflexions ; la générosité du prêtre lui parut excessive : elle se rappela en même temps les discours ambigus de cet homme, et ses craintes allèrent croissant. Elle comprit qu’elle n’était pas en sûreté dans cet appartement, dont l’abbé possédait une seconde clef, et elle fut sur le point de prendre la fuite ; mais, songeant tout-à-coup au dénûment dans lequel elle se trouvait, au terrible jugement dont elle était frappée, elle ne se sentit pas le courage de braver tant de maux et de périls ; puis la pauvre fille parvint à se rassurer un peu en se disant qu’il n’était pas probable que l’aumônier osât avoir recours à la violence, et elle résolut d’attendre les événemens.