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JUSTINE.

— Songez bien que c’est vous, maintenant, qui le condamnez au bagne, d’où il ne reviendra jamais.

Justine ne répondit que par des sanglots, et elle couvrit de ses deux mains son visage baigné de larmes.

— Quand je pense, reprit le bandit, qu’il ne faudrait pas dix paroles pour rendre ce bon garçon à sa mère ! Bien plus ! nous lui donnerions les moyens de quitter la France ; vous et sa mère pourriez le suivre, et, comme nous savons payer un service ce qu’il vaut, vous ne partiriez pas les mains vides : il ne tient donc qu’à vous d’être à l’étranger les plus heureuses gens du monde.

À chacune de ces paroles, Justine sentait son cœur se briser ; un instant sa noble résolution fut ébranlée, elle se demanda si, puisqu’elle n’avait aucun moyen d’empêcher sa bienfaitrice d’être dépouillée, il ne