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JUSTINE.

vous aie dit ? Les gendarmes, à défaut d’autre proie, s’étaient emparés de cette jeune personne dont tout le crime était de vouloir rester vertueuse malgré vos lois et vos institutions, qui poussent à l’infamie ; ces hommes s’élancèrent vers moi comme des tigres sur une proie assurée ; je les ai tués pour éviter d’être tué ; ils m’attaquaient pour gagner quelques misérables francs, et en me défendant je défendais aussi la vie de ma mère qui ne me survivra pas. Le combat n’était pas égal ; pourtant, s’ils m’avaient tué, ils seraient libres. Maintenant descendez dans votre conscience, et, si la justice des hommes est quelque chose de plus qu’un mot, vous m’acquitterez.

L’avocat du roi prit alors la parole : il prouva très-longuement que l’accusé avait tué d’abord un gendarme : personne ne le contestait ; puis qu’il en avait tué un se-