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LA MAISONNETTE.

de politesse, et ne se permit pas de lui faire la moindre question ; mais la jeune fille, tout en appréciant le mérite de cette réserve, comprit qu’elle ne pouvait garder l’incognito, et le soir même elle fit, au fils et à la mère le récit de ses malheurs.

— Quant à moi, dit Georges, dès qu’elle eut fini, vous savez déjà ce que je suis ; or, ce que je suis voici comment je le devins. Mon père épousa ma mère en Italie où il voyageait alors ; de retour en France, il négligea de faire régulariser ce mariage, et mourut sans avoir songé un seul instant qu’il fût possible que l’on contestât à la femme selon son cœur le titre d’épouse qu’il lui avait donné à la face du ciel. Nous étions pauvres alors ; mais je possédais quelques talens qui pouvaient nous mettre à l’abri du besoin. Je peignais le portrait et le paysage. Le bonheur avec lequel je saisissais la