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les dépaysés

assez vastes pour répondre aux besoins d’une population toujours croissante ; bien aérées, bien chauffées en hiver, elles sont plus commodes que belles. Quelqu’un qui revenait de France faisait la remarque que les églises sont belles mais qu’on y est mal assis. Ici on peut dire qu’on y est toujours à l’aise.

Le pays que nous traversons les jours suivants est monotone d’aspect, les champs fertiles s’étendent au loin agrémentés à de rares intervalles par un bouquet d’arbres peu vigoureux. On semble cultiver de préférence le maïs et le blé. On ne peut que déplorer l’incurie des habitants des diverses localités du mauvais état de leurs chemins. Ils sont non seulement impraticables mais dangereux. On conçoit difficilement que des gens puissent passer leur vie desservis par des routes aussi exaspérantes. Elles doivent être la ruine de leurs montures et la source d’ennuis sans nombre. Les villages disséminés à quelque dix milles les uns des autres n’ont pas ce cachet qu’on retrouve dans les autres états. Ils sont plutôt ternes et stagnants. D’autre part, la population y est très simple, affable et serviable pour l’étranger. Cette partie de l’état du Missouri n’attend que des routes pour atteindre son plein développement. On peut presque dire que les bons chemins sont les canaux du progrès. La fertilité de la région se manifeste partout. Les arbres sont d’un vert profond, les herbages, touffus et vivaces, verdissent de loin en loin où s’ébattent de superbes chevaux, des mulets à l’air têtu et des troupeaux de pourceaux.

Pendant que nous courons sur la route nous faisons lever des légions de charmants oiseaux aux couleurs variées, qui étaient venus farfouiller dans la poussière du chemin. Et nous faisons fuir par sauts et par