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les dépaysés

draient peut-être à utiliser les nombreux loisirs des petites villes canadiennes.

Nous partons de New-York et nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que tout contribue à faire de cette partie du pays une région pleine de promesses. La contiguïté de l’océan, l’abondance des pluies, la salubrité du climat, les prodigalités du sous-sol en trésors minéraux, les forêts, et tant d’autres circonstances favorables en font des villes comme Boston, New-York, Philadelphie et Baltimore.

Nous passons par Atlantic City. C’est à l’heure du bain. Il y aurait bien des commentaires à faire sur les costumes. Je crois qu’il vaut mieux les omettre. Des articles récents dans les journaux américains ont fait assez de bruit à ce sujet.

Nous rencontrons sur la route un convoi funèbre composé d’automobiles et le corbillard lui-même est une automobile aménagée à cet effet. Le cortège fait ses vingt-cinq milles à l’heure.

« Est-ce assez dégoûtant, dit un de nos compagnons de voyage, on veut même supprimer la majesté des enterrements d’autrefois qui avançaient lentement, au pas d’un cheval harnaché de tentures noires. Aujourd’hui vous avez à peine rendu le dernier soupir qu’on arrive avec un corbillard-auto trépignant et on vous emporte à quarante milles à l’heure pour se débarrasser de vous le plus promptement possible. »

Cette algarade de notre ami contre les enterrements modernes nous amuse. On a beau lui dire que quand on est mort on se soucie peu d’aller vite ou lentement. Mais sa mauvaise humeur n’est pas tout à fait calmée, il répond que si c’est égal pour les morts ce n’est pas à l’honneur des vivants. On ad-