ce triage a pour heureux résultat de tenir en éveil l’attention des auteurs américains et de les stimuler vers une plus grande perfection. On tient à l’honneur d’être parmi les fortunés survivants.
Il y a aux États-Unis un auteur qui excite chez les meilleurs lecteurs américains et chez tous les étrangers en général un engouement assez difficile à expliquer, c’est Paul Claudel. Avant la guerre, — j’ignore si la chose existe encore, — la plupart des villes allemandes avaient un club d’hommes de lettres dont le but était la lecture et l’étude de Paul Claudel. En Angleterre on fit, ces dernières années, une traduction soignée de toutes ses œuvres. Aux États-Unis, l’université de Yale nomma un comité pour préparer une autre traduction qui est à date.
Un professeur de Harvard me disait :
« Si toutes la littérature française disparaissait et que seules les œuvres de Claudel survécussent, elles suffiraient pour désigner à l’humanité le degré de culture qu’atteignirent les lettres françaises. »
Dans les grandes bibliothèques publiques la demande des livres français est considérable et des bibliothèques comme celles de Boston, New-York, Chicago sont admirablement pourvues de littérature française car on n’épargne rien pour répandre le goût de la lecture. Chaque petite ville a sa bibliothèque publique fort bien montée. Le temps viendra où tous nos villages canadiens auront aussi leurs bibliothèques. On se plaint que nos gens ne lisent pas. C’est peut-être parce qu’ils n’ont pas de livres. Si on mettait à leur disposition une bibliothèque, aux salles bien chauffées, bien éclairées et attrayantes avec un bon choix de livres à leur portée, ils appren-