« À l’attention de M. O’Brien.
« J’ai découvert le conte parfait. Il n’a pas de titre, mais l’auteur est Dodo, le fils de E.-F. Benson, âgé de quatre ans. Voici son histoire.
« Il y avait une fois un assassin qui avait les yeux jaunes. Sa femme lui dit : « Si vous m’assassinez vous serez pendu » : et il fut pendu le mardi suivant. »
Il est intéressant de noter que la meilleure classe de lecteurs a un penchant prononcé et qui semble sincère pour la littérature étrangère. Ils sont fort renseignés sur les littératures française, russe et autres. Ils connaissent de préférence parmi nos auteurs ceux des jeunes écoles les moins faciles, comme on s’y est plu à le dire. Ils commencent toujours par nous parler de Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, etc., et ils les connaissent souvent de façon à nous embarrasser.
Lemaître, qui cherchait à expliquer cette préférence, disait que les Américains et les Anglais n’ont rien à désapprendre pour lire nos auteurs avancés, tandis qu’il nous faut en quelque désapprendre notre langue pour en acquérir une autre. C’est sans doute un paradoxe, car il y a nombre d’Américains qui savent notre meilleure langue et la lisent dans nos auteurs les plus solidement français.
Ce que M. O’Brien fait pour les contes, un autre le fait pour la poésie. Chaque année, M. Braithwaite, critique de Boston, glane partout toutes les poésies qui méritent de survivre à l’oubli. Il a maintenant publié sept ou huit fort volumes, chacun d’eux embrassant une année d’efforts poétiques.
Un jeune Juif dont le nom m’échappe a tenté également de colliger les meilleurs poèmes tirés des revues universitaires dirigées par les étudiants. Tout