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les dépaysés

et aussi quelque fois des demeures prétentieuses, et un quartier pauvre où s’ébattent des enfants dans une cour sans verdure, exiguë, sans autre horizon que des murailles grises.

Nous continuons notre route et commençons à gravir les Montagnes Blanches. Le chemin montant serpente sous une voûte de feuillage, le soleil ourle chaque feuille d’une auréole de clarté qui tombe brisée sur la pelouse feutrée d’aiguillettes. L’air est rempli d’une odeur verdoyante. Quelques arbres laissent choir une pluie de menus pétales blancs. Mille petits êtres vivants habitent la solitude de la montagne. Des oiseaux beaux comme des fleurs y cachent leurs nids. C’est le temps de leurs amours, c’est le temps de préparer leurs foyers. Des milliers d’insectes variés fourmillent dans le gazon, creusent, minent, cimentent, verrouillent, échafaudent, étayent, construisent pour les générations futures. Ils savent qu’ils mourront demain et peut-être ce soir, néanmoins ils mettent dans leur œuvre tout leur cœur et tout leur amour, car ils travaillent pour ceux qui perpétueront leur espèce.

Nous sommes au sommet de la montagne. En bas dévalent les vallons de colline en colline où se jouent les méandres de la route.

Le reste du trajet jusqu’à Boston ne présente aucun intérêt spécial. Boston est une des villes les plus intéressantes par ses institutions et sa culture.

La première personne que j’y rencontre est un employé de la Bibliothèque publique que me présente un de mes amis. Il me dit d’emblée : « J’écris des livres d’aventures pour les enfants. Savez-vous ce qui est arrivé ? Un de ces livres qui était à la Bibliothèque fut volé par un garçon qui l’avait demandé »,