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DE PHYSIQUE.

certain nombre d’oscillations. Qu’auroient pensé les anciens philosophes, qui déjà prêtoient une ame aux aimants, quoiqu’ils ne connussent que leurs actions au contact, s’il leur étoit venu dans l’idée de suspendre un de ces corps à un fil ?

539. Ce que nous venons de dire nous conduit à une observation qui nous paroît intéressante, sur la manière de dénommer les deux fluides qui composent le fluide magnétique, et en même temps les pôles, ou les deux points de chaque aimant dans lesquels résident leurs actions. Le simple énoncé de l’hypothèse relative à l’existence de ces fluides, suffit pour faire concevoir que les répulsions magnétiques, semblables en cela aux répulsions électriques, sont dues à celles qui existent entre les fluides homogènes, et que les attractions proviennent de celles que les fluides hétérogènes exercent l’un sur l’autre. Il en résulte que quand une aiguille magnétique est dans sa direction naturelle, le pôle de cette aiguille, qui est tourné vers le Nord, est dans l’état contraire à celui du pôle de notre globe qui est dans la même partie ; et comme ce dernier pôle doit être le véritable pôle Nord relativement au magnétisme, ainsi qu’il l’est à l’égard des quatre points cardinaux, il paroît plus convenable de donner le nom de pôle austral à l’extrémité de l’aiguille qui est tournée vers le Nord, et celui de pôle boréal à l’extrémité opposée. Nous adopterons, en conséquence, ces dénominations, qui sont déjà usitées en Angleterre ; et par une suite nécessaire, nous nommerons fluide austral celui qui sollicite la partie de l’aiguille la plus voisine du Nord, et fluide boréal celui qui réside dans la partie située vers le Midi.