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DE PHYSIQUE.

et la plus importante des propriétés de ce minéral, celle qui lui fait regarder le Nord par une de ses extrémités, et le Sud par l’autre, a long-temps échappé à l’observation. Il paroît que c’est vers le douzième siècle qu’a été faite cette découverte, dont plusieurs nations se disputent l’honneur.

532. Les premières théories sur le magnétisme se ressentent des idées systématiques qui dominoient alors parmi les physiciens. Les tourbillons de Descartes avoient tellement séduit les esprits, que l’on essaya d’en mettre partout. On en donna aux corps électriques. L’aimant eut aussi les siens. On imagina ensuite de simples effluves de matière magnétique, dont les molécules s’accrochoient les unes aux autres, ou prenoient un mouvement de recul, suivant la manière dont les effluves de deux aimants se rencontroient. Il y avoit dans le fer des espèces de petits poils qui faisoient la fonction de valvules, pour permettre au fluide de passer dans un sens, et lui refuser le passage quand il se présentoit dans un sens contraire. Telle étoit entre autres l’opinion de Dufay ; et ce physicien célèbre, qui avoit si bien vu le principe des mouvemens électriques, lorsqu’il en vint au magnétisme, ne donna qu’une machine de son invention, au lieu du mécanisme de la nature.

533. Æpinus est le premier qui, pour expliquer les phénomènes du magnétisme, ait employé de simples forces soumises au calcul. Ce fut en tenant une tourmaline qu’il conçut l’idée qui a servi de base à sa théorie. Il venoit de découvrir que les effets de cette pierre étoient dus à l’électricité, et avoit remarqué