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DE PHYSIQUE.

impression. Cette expérience fut répétée plusieurs fois, même par huit personnes, et toujours avec un égal succès. On remarqua que chaque effort que faisoit la torpille, pour donner la commotion, étoit accompagné d’une dépression de ses yeux, à laquelle on pouvoit même reconnoître ses tentatives pour produire le même effet sur des corps inorganiques.

518. On a découvert la même vertu dans plusieurs autres poissons, dont les plus connus sont le gymnote engourdissant ou l’anguille électrique de Surinam, dont nous avons déjà parlé (516), et le silure trembleur ; d’où l’on voit que la propriété électrique, que l’on auroit été tenté de regarder comme l’indice d’un rapport générique entre les animaux qui la partagent, n’est qu’une qualité spécifique, qui forme comme des saillies dans des familles d’ailleurs très-distinguées les unes des autres. Il arrive ici à peu près la même chose qu’à l’égard des minéraux, où la propriété de s’électriser par la chaleur est dispersée, pour ainsi dire, dans des espèces de différentes natures.

On retrouve dans les poissons électriques différens de la torpille, un organe analogue au sien, qui est un assemblage de cellules composées de feuillets aponévrotiques entrelacés, et dont l’intérieur est rempli d’albumine et de gélatine. Mais la forme générale de cet organe et sa position varient d’une espèce à l’autre.

519. Walsh, en répétant les expériences de la torpille sur le gymnote engourdissant, dont la vertu est beaucoup plus énergique, parvint à obtenir un effet qui acheva de le confirmer dans l’opinion que le véritable agent étoit ici l’électricité. Il appliqua sur un morceau