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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

497. Reprenons le cas où la pile communique avec le sol. Si l’on touche d’une main le sommet de cette pile et de l’autre sa base, on éprouve une commotion continue qui agace, pour ainsi dire, les organes, et tantôt se fait sentir seulement dans la main, tantôt s’étend jusqu’au coude, selon le degré de tension de la pile. Dans ce cas, la pile se décharge, par le haut, des excès de fluide de ses différens disques, en même temps qu’elle répare ses pertes, à l’aide du fluide qu’elle reprend par sa base, et il en résulte un courant électrique non interrompu, qui se partage entre les organes et le sol, et qui occasionne, à l’égard des premiers, la sensation que produit cette expérience.

498. Supposons maintenant la pile isolée : sa moitié inférieure étant alors à l’état négatif ou à l’état d’électricité résineuse, tendra d’abord à reprendre subitement, aux dépens des organes, la quantité de fluide vitré nécessaire pour la faire repasser au même état que quand elle n’étoit pas isolée, c’est-à-dire, à celui où elle étoit chargée uniquement par des quantités de fluide vitré qui croissoient depuis la base jusqu’au sommet. Ensuite la circulation s’établira à travers les organes, comme dans le cas d’une pile non isolée. Or, les organes étant des conducteurs imparfaits, il en résulte que quand la pile est isolée, la colonne se recharge en général moins rapidement que lorsqu’elle répare ses pertes aux dépens du sol, avec lequel elle est en communication, et à cet égard l’effet de la commotion doit être moins sensible. Mais il paroît que cette diminution est plus que compensée par le mouvement plus rapide du fluide dans le premier instant, et par l’action plus concentrée de la