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DE PHYSIQUE.

des deux fils, de ceux qui donnent les véritables limites de la pile.

493. Parmi les différens corps qui ont servi à faire des expériences électriques, avant la découverte du galvanisme, la tourmaline (454) paroît être celui qui ait le plus d’analogie avec une pile isolée, au moins quant à la distribution des deux électricités. Dans la tourmaline, ainsi que dans la pile, les actions de ces électricités diminuent graduellement depuis les extrémités jusqu’à un certain terme, où elles se réduisent à zéro. De plus, il est facile de concevoir que si l’on divisoit une pile en plusieurs portions composées chacune d’un certain nombre d’élémens, et que l’on isolât ces différentes portions, elles deviendroient à l’instant des piles complètes, dont les moitiés seroient sollicitées par des électricités contraires, comme cela a lieu dans les fragmens détachés d’une tourmaline. Cependant, à en juger d’après l’état actuel de nos connoissances, il existe plusieurs différences remarquables entre les deux corps. Dans l’électrisation de la pile, chaque fluide se transmet d’un disque à l’autre, par l’intermède d’un conducteur humide ; au contraire, lorsque la tourmaline s’électrise, chaque fluide reste, après son dégagement, dans la molécule où il étoit auparavant à l’état de combinaison (458). De plus, les densités électriques de la pile décroissent lentement depuis les extrémités jusqu’au milieu, où elles deviennent nulles, tandis que, dans la tourmaline, elles diminuent rapidement, en sorte que les points où elles se réduisent à zéro sont plus ou moins rapprochés des extrémités. Malgré ces diversités, une commission, composée de