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DE PHYSIQUE.

892. Ce qui rendoit ce célèbre artiste si ferme dans son opinion, c’étoit le résultat d’une expérience de Newton, que nous avons déjà indiquée (817), et qu’on étoit bien éloigné de croire qu’il eût manquée, lui qui avoit coutume d’interroger si adroitement la nature.

Newton ayant fait passer un faisceau de lumière à travers deux milieux contigus, de densités différentes, savoir, l’eau et le verre, crut remarquer que quand les deux surfaces, dont l’une recevoit les rayons incidens et l’autre donnoit issue aux rayons émergens, se trouvoient tellement disposées, que la lumière fût redressée par des réfractions contraires, en sorte que les rayons émergens devenoient parallèles aux incidens, elle sortoit toujours blanche. Au contraire, si les rayons émergens étoient inclinés aux incidens, la blancheur de la lumière se coloroit vers ses extrémités, à mesure qu’elle s’éloignoit du point d’émergence[1].

893. Voici maintenant la conséquence à laquelle conduisoit ce résultat, que Newton étendoit, par analogie, à toutes les espèces de milieux. Les objectifs que l’on emploie dans la construction des télescopes ne produisent les images qui deviennent les objets de la vision (873), pour un œil placé derrière l’oculaire, qu’autant que la réfraction à travers ces objectifs écarte les rayons émergens, relatifs à chaque pinceau de lumière, du parallélisme avec les rayons incidens. Donc, puisque l’on ne peut empêcher que, dans le

  1. Optice Lucis, lib. I, pars 2, experim. 8.