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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Pour bien entendre ceci, remarquons que la surface d’un verre lenticulaire n’est autre chose qu’un assemblage d’une infinité de petits plans, dont deux quelconques pris de deux côtés opposés, sont censés appartenir à deux faces d’un prisme, pourvu qu’ils ne soient point dans les positions où les tangentes sont parallèles. Or, parmi les rayons d’un même faisceau, qui forment un foyer derrière une lentille, il n’y a que l’axe qui sorte parallélement à lui-même. Tous les autres rayons sortent par des facettes inclinées à l’égard de celles par lesquelles ils sont entrés. Il en résulte qu’une lentille fait subir à la lumière une décomposition analogue à celle qui a lieu par l’intermède d’un prisme. Supposons, pour plus grande simplicité, qu’un faisceau de rayons parallèles rencontre une lentille sous des directions qui soient elles-mêmes parallèles à l’axe de cette lentille. Les rayons, après avoir repassé dans l’air, iront former le long de l’axe une série de foyers, parmi lesquels le plus voisin de la lentille sera celui des rayons violets, qui sont les plus réfrangibles, et le plus éloigné celui des rayons rouges, qui ont la plus petite réfrangibilité ; les autres foyers seront situés entre les précédens, suivant l’ordre de leurs degrés de réfrangibilité. La même chose a lieu à l’égard d’un faisceau qui fait son incidence sous une direction quelconque.

886. L’effet de la décomposition dont nous venons de parler exerce son influence sur la vision à l’aide des lunettes et des télescopes ordinaires. Les rayons diversement colorés, qui forment les pinceaux envoyés par les différens points de l’objet, étant dégagés les uns

des