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DE PHYSIQUE.

d’un œil, comme nous l’avons dit, d’où il suit qu’il n’y a qu’un des axes optiques qui soit dirigé vers chaque image ; et ainsi il manque une des conditions qui sont communément nécessaires pour nous aider à bien juger de la position des objets (758), et qui le deviennent surtout lorsque la vision se fait par l’intermède d’un verre qui tire l’œil, en quelque sorte, de son état ordinaire. Ajoutons que, dans le cas présent, la position du véritable objet au delà du verre, nous porte à juger que l’image est située du même côté.

864. Si l’on présente un verre terne en deçà de la lentille, à l’endroit où se forment les foyers des cônes partis des différens points de l’objet, on apercevra les deux images sur ce verre même, comme s’il étoit nécessaire de donner un fond à cette peinture, tracée en quelque sorte au milieu de l’air, pour distraire l’œil de l’illusion où le jette la présence de la lentille ; et ce qui prouve que, dans ce cas, ce sont les prolongemens mêmes des rayons reçus par ce tableau qui, en pénétrant le verre, vont copier au fond de l’œil les traits du dessin, et non pas de nouveaux rayons réfléchis par la surface postérieure du verre, c’est que s’il n’y a qu’une seule image, elle se montre ou disparoît suivant que l’on ferme l’un ou l’autre œil, comme cela auroit lieu sans l’interposition du verre terne. Voilà déjà un moyen de rapporter l’image à sa vraie place.

865. Mais voici une expérience qui produit le même effet sans intermédiaire. Vous placez une lentille dans une position verticale, à une telle distance d’un objet très sensible, par exemple, d’une boule de métal attachée au haut d’un fil de fer vertical, que vous puissiez voir deux