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DE PHYSIQUE.

de plus, chaque image n’est vue que d’un seul œil, et cela de manière que celle qui est située vers la gauche se peint dans l’œil droit et réciproquement ; c’est ce dont on peut s’assurer en fermant et en ouvrant chaque œil tour à tour. Enfin, quoique les rayons qui, dans ce cas, arrivent de chaque point de l’image à l’un ou à l’autre organe continuent de se croiser entre la lentille et cet organe, ainsi que nous le verrons plus bas, nous ne rapportons plus alors cette image à sa vraie place, c’est-à-dire, aux endroits où se croisent les rayons, mais elle nous paroit être derrière la lentille, à peu près comme celle qui a lieu lorsque l’objet est situé en deçà du foyer des rayons parallèles, excepté que dans le cas présent, elle est renversée et plus petite que l’objet. Nous parlerons bientôt d’un cas particulier, dans lequel les deux images se réduisent à une seule, que l’on voit alors des deux yeux.

862. Il s’agit maintenant de prouver que parmi les divers cônes qui des différens points d’un objet AB (fig. 147) se dirigent vers la lentille, il y en aura toujours qui seront repliés par la réfraction, de manière à produire les effets qui viennent d’être décrits. Supposons les deux yeux situés en o et o′. Du point B, il part un faisceau eBu, dont les rayons extrêmes Be, Bu se réfractent dans la lentille suivant es et uz ; et comme le rayon emergent qui sort par s est plus éloigné de l’axe que ce lui qui sort par z, il s’inclinera vers ce dernier ; en sorte que les deux rayons, après s’être croisés en b, se dirigeront vers l’œil, et tendront à lui faire apercevoir dans ce même point ou à peu près l’image du point B. Par un raisonnement semblable, on prouvera que le faisceau