Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

enseveli dans l’Islande, où abondoient les corps destinés à le produire, offroit aux naturalistes la preuve d’une vérité jusqu’alors ignorée, savoir que le froid des climats septentrionaux, loin d’affoiblir les rayons de la lumière, leur donnoit, au contraire, un nouveau degré d’énergie[1]. La vérité est, que tous les climats fournissent de la chaux carbonatée transparente susceptible de doubler aussi les images des objets, et que beaucoup d’autres substances que nous citerons dans la suite partagent cette même propriété.

L’explication de l’effet singulier dont il s’agit ici a exercé la sagacité de plusieurs savans distingués, à la tête desquels paroissent Huyghens et Newton ; et ce qui prouve la difficulté du sujet, c’est la variété des opinions entre tous ces savans, dont chacun, sans s’arrêter à ce qui avoit été fait par les autres, essayoit de se frayer une route particulière ; en sorte qu’au milieu de ce conflit d’autorités et de résultats sur un sujet qui a été retourné de tant de manières différentes, il paroît également difficile soit de choisir dans ce qui a été dit, soit de dire quelque chose de nouveau. Nous commencerons par décrire les principales circonstances du phénomène ; nous donnerons ensuite une idée des théories les plus remarquables parmi celles qui ont été imaginées pour l’expliquer, et nous ajouterons les résultats auxquels nous avons été conduits par nos recherches particulières, et qui nous ont servi de données soit pour apprécier ces théories, soit pour ébaucher celle qui

  1. Erasmi Bartholini Experim. Cristalli Islandici disdiaclastici, Hafniæ, 1770 ; dedic. ad Regem Frider. III.