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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

physicien, si cinq miroirs produisent un si grand effet, que ne feront pas cent ou mille miroirs arrangés de la même manière ? la chaleur qu’ils exciteront sera si violente, qu’elle brûlera tout, et réduira tout en cendres[1] ».

Plusieurs physiciens ont entrepris depuis des expériences dirigées vers le même but ; mais l’espèce de miroir polygone, exécuté au Jardin des Plantes, en 1747, d’après l’idée qu’en avoit conçue le célèbre Buffon, efface tout ce que l’on avoit tenté jusqu’alors en ce genre, soit par la grandeur des effets, soit par l’ordonnance ingénieuse de la construction[2]. Ce miroir étoit composé de cent soixante-huit glaces étamées, susceptibles de se mouvoir en tout sens, de manière que l’on étoit le maître de les fixer à différens degrés d’inclinaison ; il en résultoit que l’on pouvoit donner à l’ensemble une forme plus ou moins concave, et porter le foyer à différentes distances. Ce miroir brûloit le bois à 65 mètres (200 pieds), fondoit les métaux à 14mt.,5 (45 pieds), et son auteur étoit persuadé qu’en multipliant les glaces on pourroit produire les mêmes effets à une distance beaucoup plus grande.

810. On lit dans les anciennes histoires, qu’Archimède mit le feu aux vaisseaux des Romains, en se servant de miroirs ardens. Plusieurs physiciens ont traité ce récit de fabuleux, d’après le peu d’apparence que le

  1. Kirker, Ars Magna Lucis et Umbra, lib. X, p. 888.
  2. Buffon, Histoire Nat., édit. in-12 ; 1774. Supplém., t. II, p. 141 et suiv.