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DE PHYSIQUE.

au spectateur avoir fait un mouvement de gauche à droite, ou de f vers d, c’est-à-dire, en sens contraire du mouvement réel qui a eu lieu suivant ab.

Pour rendre cette explication plus sensible, nous pouvons supposer qu’au premier instant du mouvement le spectateur regardoit l’objet situé en a, à l’aide d’une lunette dirigée suivant Aa ; il laisse ensuite cette lunette dans la même position pendant tout le temps du mouvement, en sorte que quand l’objet est arrivé en b, la lunette est dirigée suivant Bn parallèle à la ligne Aa. Pour voir alors de nouveau l’objet, le spectateur est obligé de mettre la lunette dans la position Bb, c’est-à-dire, de la faire tourner de gauche à droite, ce qui lui fait juger que l’objet s’est mu dans le même sens.

777. Concevons maintenant que le spectateur parcourre AB (fig. 116) tandis que l’objet fait le mouvement ab situé en sens contraire de AB. Si le spectateur étoit immobile, les rayons visuels relatifs aux deux termes extrêmes du mouvement de l’objet seroient Aaf et Abr, en sorte que le spectateur jugeroit de la grandeur de ce mouvement par l’ouverture de l’angle bAa ; mais parce que lui-même a parcouru AB, les deux rayons visuels seront Af et Bd, et l’angle d’après lequel le spectateur estimera la grandeur du mouvement sera dcf, ou son égal AcB, plus grand que l’angle bAc qui auroit lieu dans le cas où le spectateur seroit immobile, puisqu’il est égal à la somme des angles bAc+Abc. Donc le spectateur jugera le mouvement de l’objet plus rapide qu’il ne l’a été en effet, parce qu’en lui rapportant son propre mouvement le long de AB, suivant

Tome ii.
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