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DE PHYSIQUE.

sera la première image dont tous les points enverront à l’œil des rayons situés précisément comme ceux qui partoient du cube. Or, cette image est ce qu’on appelle la perspective du cube. On conçoit, d’après cela, comment cette image, dont les traits sont les mêmes au fond de l’œil que ceux qui y seroient formés par les rayons provenus des différens points du cube, doit rendre ce cube aussi fidèlement que puisse le permettre le niveau du plan qui sert de toile au tableau. La géométrie fournit des règles pour tracer les lignes qui composent comme le dessin de ces sortes de portraits ; et lorsqu’à ce dessin, qui a déjà par lui-même un caractère frappant de vérité, l’art de la peinture ajoute la distinction des ombres et de la lumière, et la magie du coloris, il résulte de ce concours une illusion à laquelle il ne semble manquer, pour être parfaite, que ce qu’il faut pour ménager à l’œil, en se faisant sentir, tout le plaisir de la surprise.

774. Une des illusions d’optique les plus remarquables, est celle qui nous fait juger la lune plus grande lorsqu’elle se lève, que quand elle est à une certaine hauteur au-dessus de l’horizon. Il n’est personne qui n’ait été frappé plus d’une fois du contraste que présente le diamètre de cet astre, comparé à lui-même dans les deux circonstances dont nous venons de parler. Pour en concevoir la raison, il faut partir de ce principe, que nous voyons le ciel sous la forme d’une voûte très-surbaissée. Soit T (fig. 113) la moitié du globe terrestre élevée au-dessus de l’horizon ux ; soit uytx la moitié du cercle que parcourt la lune par son mouvement diurne, et acgb la moitié correspondante de la courbe qui termine