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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

deux faces adjacentes qui concourent avec la première à la formation d’un même angle solide, seront évidemment des quadrilatères d’une figure différente, puisque, la somme des trois angles plans dont il s’agit, considérés, dans l’image, doit être équivalente à quatre angles droits, tandis qu’elle n’en vaut que trois sur le solide. Malgré cette différence, on ne laisse pas de parvenir à un certain assortiment de lignes qui fait une sorte d’illusion, et offre à l’œil un portrait fidèle de l’objet original.

Pour concevoir la raison de cette illusion, supposons un cube situé dans l’espace, sous une position déterminée, relativement à l’œil du spectateur, et supposons de plus que le cube soit transparent. Il résulte de ce que nous avons dit sur la manière dont s’opère la vision, que les axes des différens pinceaux de lumière envoyés par tous les points du cube, et qui sont les seules lignes dont nous ayons besoin ici, après s’être croisés dans le trou de la prunelle, formeront une espèce de petite pyramide dont la base reposera sur le fond de l’œil, où elle produira l’image du cube. Maintenant supposons un plan, ou tableau transparent, parallèle au fond de l’œil, et à travers lequel passent tous les axes qui vont des différens points du cube à cet œil, en y laissant chacun leur empreinte. L’image formée par l’ensemble de ces empreintes sera semblable à celle qui se peindra au fond de l’œil, abstraction faite de la petite différence que doit produire la courbure de cet organe. Imaginons enfin que le tableau devienne opaque, et que l’image du cube y subsiste toujours ; celle qui existoit au fond de l’œil sera encore la même, et son objet immédiat