Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
DE PHYSIQUE.

devenue la base d’une théorie qui ramène à une heureuse simplicité ces phénomènes si embarrassans pour ceux qui vouloient voir des réalités dans de pures apparences. Nous allons donner l’explication de certaines illusions choisies parmi celles qui nous sont le plus familières, ou qui méritent le mieux d’être remarquées.

768. Il n’est personne qui, étant à l’une des extrémités d’une longue avenue, n’ait observé que les deux rangées d’arbres dont elle est composée paroissent converger l’une vers l’autre, au point de se toucher, si l’avenue s’étend assez loin pour cela ; dans ce cas, les intervalles entre deux arbres correspondans sous-tendent des angles visuels qui vont toujours en diminuant, et finissent par être insensibles à une grande distance. Il en résulte que, sur le petit tableau qui est au fond de l’œil, les images des arbres sont situées sur deux lignes inclinées entre elles, et qui concourent en un point, commun, ou, ce qui revient au même, les intervalles entre les images des arbres correspondans diminuent graduellement, de manière que le dernier intervalle est presque nul. Or, si nous supposons que les deux axes optiques se dirigent successivement vers différens arbres toujours plus éloignés, la variation de ces angles, et en même temps celle de l’impression de la distance, deviendra toujours moins sensible ; et, par une suite nécessaire, l’impression de la grandeur, qui dépend ici de l’intervalle entre les arbres correspondans, sera tellement prédominante, qu’elle déterminera presque seule le type de la sensation ; en sorte que deux lignes exactement parallèles s’offriront à nous sous