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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

intéressés à éviter la méprise, c’est-à-dire, dans celles où il s’agit des objets qui sont à notre proximité ; car alors la distance dont nous jugeons assez exactement, entre comme donnée dans notre estimation, et nous empêche de nous en laisser imposer par l’idée fausse qui résulteroit de la considération isolée des grandeurs.

Ainsi les diverses positions des yeux, analogues à la variation des angles formés par les axes optiques, à mesure que les objets sont plus près ou plus éloignés, reproduisent en nous l’impression de la distance, telle que le tact nous a appris à l’estimer ; et cette impression se compose avec celle de la grandeur apparente, ou de l’étendue que l’image occupe au fond de l’organe, en sorte que la sensation qui nous représente la grandeur réelle est comme le produit de ces deux élémens. Par exemple, lorsqu’un géant de vingt-quatre décimètres, qui étoit d’abord à deux mètres de distance, se transporte à quatre mètres, d’une part son image est diminuée de moitié au fond de nos yeux ; mais, d’une autre part, la distance se trouve doublée, et l’espèce de combinaison qui se fait en nous des deux impressions relatives, l’une à la grandeur et l’autre à la distance, qui répondent à chaque position du géant, équivaut, pour ainsi dire, au produit constant de deux quantités, dont l’une augmente à proportion que l’autre diminue ; d’où il résulte que le géant nous paroît toujours de la même taille.

Nous conclurons encore de ce qui vient d’être dit, que quand deux objets inégaux sont placés à la même distance, nous jugeons de leurs grandeurs respectives